Obtenir le label bio : pas si simple !

Face à l’engouement européen pour le bio, les producteurs s’organisent. Objectif : proposer des produits de qualité, certifiés bio. Mais pas facile d’obtenir ce précieux sésame qui leur ouvrira les portes d’un marché fructueux. Petite enquête dans le Sud-est de Madagascar, auprès de producteurs d’huiles essentielles.

texte et photos: Elise François-Dainville

Citronnelle, niaouli, ravintsara, saro, ylang-ylang…avec 80% d’espèces endémiques parmi près de 13 000 espèces de plantes, Madagascar est un paradis pour les producteurs d’huiles essentielles. Mais l’idée d’une agriculture intensive n’a pas encore fait son chemin. Les paysans récoltent encore leurs plantes ici et là, dans la nature. Engrais, pesticides ? Pour quoi faire ? Et puis, ça coûte si cher…La culture des plantes aromatiques est en grande partie bio, non pas en raison de l’application de méthodes biologiques, mais plutôt par défaut. Le paradoxe, c’est qu’en 2010 les exportations d’huiles essentielles certifiées ne concernaient que 4% environ des exportations bio totales. Tout est en majorité bio, mais rares sont les producteurs à obtenir la certification.

La distillerie de Kandot

Le bio, ça rapporte gros ?

Dans la plantation de Jean Walter, dans le sud-est de Madagascar, tout est labellisé « agriculture biologique » par Ecocert depuis un an. Sur son terrain, les pieds de girofle, ravintsara, ylang ylang et niaouli se succèdent. On dirait un algorithme géant. « Je les ai alternées volontairement. Toutes les plantes sont en symbiose, l’une repousse les insectes que l’autre attire. Les plantes interagissent, ce qui me permet de n’utiliser aucun pesticide. Pour nourrir les arbres, j’utilise les résidus distillation du niaouli. Ça me sert d’engrais naturel». Sa production est 100% bio pour des raisons…commerciales : « la motivation première est financière : la plus-value obtenue à la vente est de 20 à 30 % par rapport au produit dit conventionnel. En plus, peu de producteurs font l’effort financier de « s’acheter » la certification ECOCERT, ce qui me facilite la recherche de clients ». Le kilo d’huile de ravintsara classique passe de 78 euros à 90 euros en bio. Alors si cultiver tout en respectant l’environnement, ça peut rapporter gros, pourquoi tous ne s’y mettent-ils pas ?

Dans les faits, c’est plus compliqué

En théorie, la procédure pour la certification est facile. Les premières démarches s’exécutent sur le net. En quelques clics, on peut retrouver devis, formulaires, et mode d’emploi. Dans les faits, la certification s’avère plus compliquée. Les petits producteurs sont confrontés à un manque d’informations sur les principes et les méthodes de l’agriculture biologique. Ce n’est pas du jour au lendemain que l’on peut être certifié : « Il faut un historique sur 3 ans sur les cultures en question, le terrain, l’environnement le plus immédiat pour affirmer qu’aucun pesticide de synthèse n’a été utilisé », explique Jean Walter.

Mais ce n’est pas tout. Le producteur doit également pouvoir établir une traçabilité précise de ses produits. Madame Jeanine, productrice d’huiles essentielles, achète sa masse verte aux paysans locaux sans savoir exactement d’où viennent les feuilles. Comment être sûre que tel ou tel paysan n’ajoute pas d’engrais à ses pieds de citronnelle ? Plus il y a de cultivateurs, plus la tâche de l’inspecteur de l’organisme certificateur, est difficile. Il doit vérifier que chaque paysan respecte bien le cahier des charges. Quand il n’y en a qu’un, ça va, mais quand il y en a une cinquantaine, c’est plus compliqué ! Autre problème des producteurs : les semences biologiques exigées par la réglementation sont introuvables à Madagascar. Kandot vient de planter 10 000 pieds de ravintsara « avec le ravintsara par exemple, il n’y a pas de bouture possible. Il faut donc faire venir les plants de la capitale » mais dans ce cas,impossible de savoir si les semences sont effectivement bio. Il faut alors des dérogations et la procédure est plus longue. Et puis jusque dans le transport, il faut respecter le cahier des charges. Les huiles essentielles doivent être acheminées dans des bidons certifiés pour l’exportation vers l’UE. Mais parfois, les exportateurs collectent des huiles essentielles auprès de multiples petits producteurs qui les mettent dans des bouteilles de whisky vides. Difficile alors de vérifier que les contenants ont été correctement nettoyés et qu’ils sont bio.

Madame Jeanine, productrice d'huiles essentielles à Ranomafana

Le label se paie cher

Le montant élevé de la procédure de certification écarte les plus petits producteurs. « Le coût est surement l’obstacle le plus important. Le déplacement d’un technicien est toujours couteux. Ces personnes ne dorment pas à la belle étoile et ne mangent pas du manioc ! », précise Jean Walter. Alors bien sûr, le montant varie en fonction de la taille de l’exploitation, du temps passé par l’inspecteur sur le terrain, du coût des analyses d’échantillons (effectués en France car il n’y a pas de laboratoires accrédités en microbiologie à Madagascar pour les huiles essentielles !), du nombre de produits à certifier ou du chiffre d’affaire. Au final, la certification coûte en moyenne 1 euro par kilo d’huile essentielle. Kandot produit chaque année 5 tonnes d’huile essentielle de niaouli bio. Le certificat Ecocert lui coûte entre 1300 et 2000 euros chaque année (soit l’équivalent de quatre ans de salaire malgache !), entièrement pris en charge par la vente de son huile essentielle. Pour les plus petits producteurs, cette somme est pratiquement impossible à réunir. Au final, même s’ils respectent le cahier des charges de l’organisme certificateur, les petits producteurs n’ont pas les moyens de l’officialiser. Bien sûr, les portes du marché européen leur restent ouvertes, mais aujourd’hui, il est difficile d’y faire sa place sans ce précieux sésame.

Les petits producteurs sur la touche

Arnaud de Vanssay a aidé une petite entreprise à obtenir la certification Ecocert : « entreprendre toutes ces démarches seul, c’est impossible. Il faut avoir un associé, un professionnel au courant des normes européennes, pour que le produit réponde aux exigences du cahier des charges sur toute la ligne, de la graine semée jusqu’à l’emballage du produit fini ». Pour pallier cela, la solution de l’association semble la meilleure car elle permet de faire une demande collective. Mais même ça, n’est pas si simple. Producteur à Ranomafana, le docteur Rodary a tout essayé : « j’ai mis en place une association qui nous a parmi d’acheter un alambic en commun, mais au bout d’un an, les membres se sont éparpillés. Ils ont utilisé les moyens de la coopérative à des fins personnelles et se sont trouvé leurs propres marchés. Il nous a été impossible de franchir l’étape d’après : la certification biologique ». Une autre solution : les organisations non gouvernementales. Certaines aident les petits producteurs dans les démarches. Mais si, sur place, les producteurs ne sont pas autonomes et rigoureux, leur soutient ne suffit pas.

Au-delà des bénéfices financiers, la certification permettrait surtout aux petits producteurs de mettre en place des outils de suivi intéressants. Quand on sait qu’il y a quelques années, les arbres étaient systématiquement abattus pour permettre aux paysans de récolter les feuilles pour la distillation, quand on connaît les problèmes de déforestation à Madagascar, la certification biologique s’avère un moyen efficace pour limiter les abus, dans la mesure où les producteurs sont contrôlés régulièrement. Une certification plus accessible ne permettrait-elle pas d’encourager les plus petits à poursuivre leurs efforts ? Au final, malgré l’extraordinaire potentiel bio de Madagascar, la certification est encore exceptionnelle et demeure l’apanage des producteurs les plus fortunés.

Plantation de géranium près de Ranomafana

A SAVOIR

Le ravintsara

• Pour 100 kilos de feuilles, on obtient 1,5 kilo d’huile essentielle

• Pour un flacon 15 millilitres, il donc faut distiller 1 kilos de feuilles (et 1 kilo de feuiles, ça fait beaucoup de feuilles !)

• Chaque kilo de feuilles de ravintsara coûte entre 10 et 20 centimes d’euros.

• L’huile essentielle de ravintsara se vend entre 75 et 85 euros le kilo (on parle en kilo et non en litre !) à Madagascar, 110 euros en Europe.

Le niaouli

• Pour 140 kilos de feuille, on obtient 1 kilo d’huile essentielle.

• pour un flacon de 10 millilitres, il faut distiller, 1.4 kilos de feuilles

• Le kilo de feuilles de niaouli coûte 0,01 euro.

• L’huile essentielle de niaouli se vend entre 4,50 et 6 euros le kilo en Europe.

La distillation du niaouli

Chaque distillation dure 5 heures en moyenne. La cuve peut contenir jusqu’à 1,4 tonne de feuilles. Elle nécessite pour cela 3000 litres d’eau et 2,5 m3 de bois. Au final, on obtient 15 litres d’huile essentielle de niaouli.

Madagascar, la nature à l’état brutal- in « Shi-zen »- 01/2010

Un chauffeur de taxi vous hèle à la sortie de l’aéroport. Puis deux, puis trois. Le quatrième n’est pas loin. Vous cherchez un taxi ? Madame ou mademoiselle ? Le sourire un peu crispé par une nuit d’avion, vous tentez de les repousser gentiment. A ce moment là, un porteur s’empare de vos bagages. Mince, il est où mon guide du routard ? Ils le disent, eux, comment réagir dans cette situation ! Désemparée, vous ne tentez même plus un geste pour empêcher quoi que ce soit. Vous baragouinez un vague « misoatro », un merci que vous avez lu, mais jamais entendu. Regard amusé du porteur que vous suivez sans plus vous poser de questions. Après tout, vous êtes en vacances. La théorie du lâchez prise, c’est maintenant ou jamais que vous allez la mettre en pratique…et l’île saura vous récompenser de votre flegme nouvellement acquis, par se paysages à vous couper le souffle, et les sourires de ses habitants.

Saint-Augustin, dans le Sud-ouest du pays

Des émotions avant tout

Garder le sourire, ne pas s’énerver, rester zen en toute circonstance, voilà en effet le secret d’un voyage réussi sur l’île rouge. Car ici, tout peut prendre une tournure assez inattendue et plonger dans la perplexité le voyageur le plus averti. Bienvenue à Mada, donc, l’île rouge, la destination des baroudeurs, où chaque pas provoque l’envie irrésistible de dégainer l’appareil photo et de mitrailler : les petites hotelys sur le bord de la route, où l’on vous sert avec une rapidité déconcertante la traditionnelle et énorme assiette de riz accompagnée d’un tout petit morceau de poulet. Frugal mais délicieux. Les petits vendeurs qui se précipitent à la fenêtre du taxi brousse pour vous proposer des petits encas. Parce que oui, sachez-le, même en plein milieu de la nuit, on ne vous laissera pas mourir de faim à Madagascar : bananes, manioc, poulet, sambos, parfois même des cuisses de grenouille ou des écrevisses… L’île ne manque pas de ressources. Du côté des habitants non plus, d’ailleurs : vous êtes au pays de la récup’, où l’on vous fabrique une voiture avec des boites de conserve et des bouchons de bouteille (véridique !). Résultat : vous ramènerez des anecdotes insolites plein vos valises. Ce moment où vous avez refusé de rentrer dans une 4L contenant 15 passagers (ça finit toujours par rentrer), cet autre moment où vous avez vu passer une pirogue sur laquelle deux motos tenaient en équilibre. Cet autre encore, où vous avez fait tout un trajet de taxi avec une bouteille remplie d’essence à vos pieds (ne vous posez pas de question : c’est le réservoir !). Bref, à Madagacar, vous avez envie de rire mais aussi parfois, envie d’étrangler tout le monde parce que votre plan A tombe à l’eau et qu’il faut, une fois encore, déployer le plan B. Mais ce n’est pas grave car une fois rentrée, vous serez d’un calme olympien quand vous vous retrouverez tassée dans le métro du matin, en vous repassant les images de cette nature luxuriante que vous aurez respirée à plein nez.

Marché à Tananarive

Une nature généreuse

Parce que Madagascar, c’est la destination incontournable des passionnés de la nature. Séparée du continent depuis plus de 100 millions d’années, l’île rouge a développé une faune et une flore uniques. Et quand on dit uniques, ce n’est pas un adjectif choisi au hasard : 85 % des espèces végétales et 90% des espèces animales de Madagascar ne se rencontrent dans aucune autre région du monde. Lémuriens, caméléons, reptiles de toutes les tailles et de toutes les couleurs… autant d’animaux inconnus sur nos terres occidentales qui évoluent dans des paysages époustouflants de beauté : des hauts plateaux du centre du pays recouverts de rizières, aux  grandes aires désertiques de la pointe méridionale de l’île, en passant par la savane brûlée par le soleil et ses baobabs à la silhouette élancée, et la végétation tropicale de l’Est du pays…partout, la nature foisonne. Une nature riche et fertile : riz, manioc, haricots, maïs, patates douces, mais aussi café, girofle, canne à sucre, sisal, tabac, vanille. Si en surface, la terre offre volontiers ses richesses, le sous-sol n’en manque pas non plus : il recèle des minerais comme la bauxite, le chrome, le nickel, le graphite, ou encore du minerai de fer, du charbon, et du cuivre, sans oublier les pierres précieuses, comme le saphir.

Pilage du riz en brousse

Un pays au bord du gouffre

La mauvaise nouvelle ? Si le potentiel en ressources naturelles et la biodiversité font de l’île rouge un des pays les plus riches au monde,  Madagascar figure pourtant aujourd’hui parmi les pays les plus pauvres du monde avec plus de 80% de sa population qui vit avec moins de 2 dollars par jour. Les ressources naturelles sont largement exploitées par de grandes entreprises étrangères implantées dans le pays et la population ne tire aucun profit de ces ressources naturelles. Preuve en est l’espérance de vie moyenne : 61 ans pour les femmes, et 57 ans pour les hommes (en France, respectivement 84 ans et 77). Et si la croissance démographique est galopante, avec 5,14 enfants par femme, plus d’un enfant sur 10 meurt avant ses 5 ans (principalement à cause de l’eau et de la malnutrition). La crise politique qui sévit dans le pays depuis le mois de janvier 2009 n’a pas arrangé les choses. La population s’appauvrit de jour en jour, car les institutions internationales qui ne reconnaissent toujours pas le nouveau gouvernement, ont coupé leurs aides au développement. Du côté de la nature également, tous les voyants sont au rouge. La déforestation va bon train pour agrandir la surface agricole utile et alimenter les pays occidentaux en bois précieux (palissandre, ébène, bois de rose) et pas moins de 143 espèces animales et 162 espèces végétales ont été classées par l’Union mondiale pour la nature (UICN) dans les catégories « gravement menacées d’extinction », « menacées » et « vulnérables »…autant dire que beaucoup reste à faire dans ce pays immense et fragile, autant pour ses habitants que pour son écosystème. Les initiatives écologiques commencent à se multiplier, le tourisme solidaire et l’agro tourisme prennent leur essor et les ONG présentes sur place tentent d’insuffler une dynamique écologique, en valorisant et en s’appuyant sur les initiatives locales. A vous aussi de changer la donne, à votre niveau, lors de votre séjour sur l’île rouge…

A Madagascar, tout se récupère

A voir, à faire

Plus que de l’argent, il faut du temps pour sillonner le pays…

Voici tout de même 15 incontournables  à ne manquer sous aucun prétexte (même panne de taxi brousse) :

  1. flâner dans les ruelles de Tana. Se faire harceler dans les allées du marché d’Analakely. Aller voir le rova d’ambohimanga (squatté par les familles le week end).
  2. Prendre un pousse-pousse à Antsirabe (choisir le plus finement décoré). Piquer une tête dans l’eau bleue transparente du lac Tritiva.
  3. A Fianarantsoa, prendre le train pour Manakara. Sur le trajet, profiter de chaque arrêt pour goûter (et comparer !) les beignets et sambos des villages de brousse.
  4. Se prendre une véritable saucée dans le parc de Ranomafana, forêt tropicale humide. Puis décompresser dans la piscine d’eau chaude naturelle (bouillante !)
  5. A Manakara, partir en pirogue sur le canal des Pangalanes jusqu’à Mangatsiotra. Dîner au bord de l’embouchure en compagnie des enfants du village et dormir chez Patrick et Elisa.
  6. Compter les baobabs et les termitières dans la savane autour du parc national de l’Isalo, puis grimper tout en haut du massif.
  7. A Tuléar, passer une soirée au Zaza Club (ambiance garantie, et puis sensibilisation au problème du tourisme sexuel). Puis aller à Mangily faire du snorkling pour admirer les coraux et les poissons multicolores.
  8. A Sainte-Marie, en hiver austral (l’été chez vous), aller traquer les baleines qui viennent s’y reproduire.
  9. Manger des brochettes de zébu sur le front de mer à l’heure de l’apéro à Mahajanga , avec une grande bouteille de THB, la bière locale.
  10. Farnienete à Nosy Be, Nosy Komba et nosy Tanikely.
  11. Naviguer en pirogue à voile sur la mer d’émeraude à Diego Suarez.
  12. Chercher (et non pas chasser) les caméléons, et les lémuriens dans le parc national de l’Ankarana.
  13. Sentir  la vanille qui embaume les rues des villes de la Sava (Sambave, Antalaha, Vohemar, Andapa).
  14. Arpenter l’allée des baobabs à Morondava au coucher du soleil.
  15. Visiter une distillerie d’huiles essentielles (on en trouve de nombreuses sur les côtes Nord et Est du pays). Faire le plein d’huile de ravintsara, niaouli, saro et ylang ylang, des plantes tropicales aux nombreuses vertus thérapeutiques.
Rizière dans les hauts plâteaux

Vous vous prenez pour qui ?

A éviter absolument !

– mépriser les « fahady »

Madagascar est un pays où se côtoient de nombreuses croyances, desquelles découlent de nombreux interdits, appelés « fahady ». Chaque région a ses propres tabous. Par exemple, à Manakara, dans le Sud Est, la couleur rouge est interdite aux abords des embouchures et des rivières (évitez absolument le maillot de bain rouge). De la même manière, certains aliments ne peuvent pas être consommés (le porc est prohibé au bord de la mer). Même certains animaux comme les chiens, sont « fahadys ». à dix kilomètres de Manakara, ce ne sont plus les mêmes interdits : renseignez-vous !

-Montrer du doigt : ça aussi, c’est fahady !

– Jeter papiers et  bouteilles vides (même dans une poubelle !) : tout se récupère à Madagascar et tout se revend. Une bouteille d’eau vide (ou même de shampoing) est un trésor. Il  y a encore très peu de conscience écologique à Madagascar et très peu de recyclage des déchets. Pour la plupart des gens, la nature fait également office de poubelle. N’hésitez pas à ramener ses piles usagées en France et même à prendre celles de vos hôtes.

-Jeter de la nourriture. Même un morceau de pain rassis peut s’offrir. Beaucoup de malgaches ne mangent pas à leur faim (c’est sûr, même l’assiette que vous n’aurez pas vidée profitera à quelqu’un !)

– Evitez de donner de l’argent aux enfants (même malgré leurs demandes incessantes !). Si la misère est choquante et éveille la culpabilité du voyageur, il faut être prudent car donner sans raison encourage aussi la mendicité infantile.

-élever trop le ton de la voix. Il faut savoir rester cool et patient même lors d’une négociation tendue…

 

Vous pouvez les aider !

Voyager utile à Madagascar, c’est aussi voyager….tout simplement. C’est s’approvisionner dans les petits commerces, c’est préférer les petites gargotes aux grands restos (souvent tenus par des gros zozos), c’est prendre un pousse-pousse plutôt que marcher. Après, de nombreuses Ong et associations sont présentes dans le pays. Elles seront heureuses de vous expliquer leur travail et vous diront certainement comment les aider. Quelques pistes :

-les terreaux de l’espoir à Antsirabe : l’Ong accueille une cinquantaine d’enfants issus de milieux très défavorisés. Si vous avez un talent artistique particulier, vous pouvez venir organiser des ateliers avec les enfants.

-la confiturerie Saint-Joseph à Manakara : promouvoir la place de la femme dans la société malgache du Sud-Est de Madagascar. A la confiturerie, il y a 10 femmes qui font des confitures bio et garanties commerce équitable…la confiturerie emploie également des brodeuses et des vannières qui confectionnent le conditionnement. Vous pouvez surtout les aider en achetant des confitures ! confstjoseph@gmail.com

-AIC, l’association internationale des charités s’occupe aussi d’aider les femmes issues de milieu défavorisé à travers l’aide à la scolarisation de leurs enfants. Pendant que leurs petits sont sur les bancs, les femmes suivent des formations (notamment à l’hygiène et à l’environnement). Pour les aider, vous pouvez bien sûr faire des dons (d’argent où de matériel pédagogique), ou bien il est possible de parrainer un enfant pour la scolarité (les frais d’écolage avoisinent les 5 euros par mois !)

-Association Reniala, à Mangily, un petit village au nord de Tuléar. La petite association a mis en place à petit jardin botanique. Ils produisent du miel de baobab.

-l’ONG Bel avenir à Tuléar : une ONG qui grandit, qui grandit, qui grandit…alphabétisation des enfants d’Ilakaka (la ville du saphir où les enfants descendent dans les mines de pierres précieuses), cinéma en ville, création d’école dans les marais salants de Tuléar. Possibilité de participer à des chantiers chaque été et de faire du tourisme solidaire.

Maman bénévole à l'AIC

Ils l’ont fait

– Jeannot est un vazaha (un  Français) qui a décidé de venir en aide aux femmes du village de pêcheurs où il habite depuis quelques années déjà. Confrontées au problème de l’attitude volage des hommes de la communauté, Jeannot a voulu soutenir les femmes en leur ouvrant un compte en banque. Elles seules y ont accès et elles peuvent y verser le fruit de la vente de la pêche.

-Lionel Lauret, un artiste réunionnais, est venu à Madagascar pendant deux années de suite pour faire des Boz. Les Boz, ce sont de petits personnages en bois vernis qui ont failli disparaitre de l’humanité, à cause de la cruauté des hommes. Lionel est venu organiser des ateliers de fabrication de Boz avec des enfants, dont la majorité n’avait même jamais tenu de feutre entre leurs mains (ni de ciseaux, d’ailleurs !). Boz en main, les enfants sont partis dans les rues de leur ville ou leur village pour mettre en scène les petits personnages, de véritables œuvres d’art. L’initiative a suscité une dynamique originale au sein des écoles et des alliances franaçaises dans lesquelles il est passé à  Madagascar.

-Initier les enfants des rues aux arts du cirque, c’est de cette idée et de la volonté de Virginie qu’est née l’association de l’Aléa des possibles, en 2005. La troupe se produit développe un programme d’éducation non conventionnel et de réinsertion pour les enfants des rues, autour d’un projet d’école de cirque. http://aleadespossibles.free.fr/

Le travail de Lionel Lauret autour des Boz

On y va quand ?

L’année est répartie en 2 saisons : de mai à novembre, il fait sec et froid (pas si froid sur les côtes, mais parfois très froid sur les hauts plateaux) et de novembre à avril, le climat est humide et chaud. La saison humide est aussi celle des cyclones ! Il y en a souvent. Il faut juste surveiller la météo une fois dans le pays. Le principal risque est de rester bloqué quelques jours à un endroit, le temps que les pluies cessent et que le niveau de l’eau redescende.

On y va comment ?

Située à environ 9000 kilomètres de Paris, les moyens pour rejoindre l’île rouge sont assez limités…

-l’avion depuis la France (Paris ou Marseille). Le plus fiable, confortable, rapide autant que possible (11 heures depuis la France) mais peu écologique.

-le bateau depuis La France (il faut un mois environ, avec de multiples escales sur le contient africain !) et depuis La Réunion, le trajet dure 36 heures (2 nuits à bord). Un bateau part tous les 15 jours au départ du Port de La Réunion. C’est une compagnie mauricienne qui assure le transport (d’abord de marchandise, puis de voyageurs). Romantique (sauf quand la mer est mauvaise), économique, et sympathique car on y fait ses premières rencontres. C’est un véritable voyage en soi !

Paysage des hauts plateaux

Et on y bouge comment ?

Une fois sur place, de multiples moyens de transports (plus ou moins exotiques) s’offrent à vous.

Parmi eux : l’avion (un peu), le taxi brousse (beaucoup), le train (au moins une fois), la pirogue (de temps en temps), le pousse-pousse (le plus souvent possible dans certaines villes).

Le taxi brousse reste le moyen de transport le plus utilisé sur la Grande île.

En fait, quand on décide de partir à Madagascar, il faut prévoir du temps et faire des choix dans son parcours. Les distances ne sont pas si longues mais le temps pour les parcourir s’avère souvent aléatoire. D’abord, un taxi brousse ne part que quand il est plein. Ensuite, un taxi brousse est potentiellement susceptible de tomber en panne à  n’importe quel endroit, et à n’importe quelle heure ! Enfin, les arrêts sont fréquents  sur la route pour déposer et prendre des voyageurs, mais également pour livrer des marchandises. Il faut savoir être patient, mais ça vaut le détour !

Attention aux dos (les taxis brousses sont très inconfortables), aux oreilles (en général, le volume de la musique est toujours poussé au maximum pour éviter que le chauffeur ne s’endorme !), et aux nez sensibles (il n’est pas rare de faire tout un trajet avec des poules à ses pieds) !

Comme le routes sont parfois mauvaises, de même que l’état des véhicules et le niveau des chauffeurs, et l’avion reste le moyen le plus sûr de relier deux points de l’île. Ca coûte cher (compter 10 fois plus que pour un trajet en taxi brousse). Bourgeois ou routard, choisis ton camp…

Après, il y a le train entre Fianarantsoa  et la côte Est. Et depuis peu, entre Tana et Tamatave. Le trajet est long (entre 8 et 10 heures) mais réserve beaucoup de surprises. Les arrêts sont fréquents car le train dessert des villages de brousse inaccessibles autrement.

Enfin, le pousse-pousse est incontournable dans certaines villes, où les taxis sont peu nombreux. Antsirabé est la ville du pousse-pousse. Ça fait bizarre au début de se faire transporter par la seule force d’un homme, mais il ne faut pas oublier que c’est ce qui lui permet de nourrir sa famille.

La pirogue est aussi un moyen de transport parfois inévitable. L’expérience est à tenter lors de la descente de la Tsiribinha, ou du Canal des Pangalanes. vérifiez tout de même l’état de l’embarcation avant de vous lancer ! Prévoir de la crème solaire et un vêtement de pluie.

Enfin, il est toujours possible de louer voiture (avec chauffeur) pour des tarifs abordables (entre 20 et 50 euros par jour hors carburant). L’avantage, c’est que l’on peut demander au chauffeur de s’arrêter quand on veut (pause pipi, pause photo, pause manger, pause chez un membre indéterminé de la famille élargie du chauffeur). L’autre intérêt, c’est que le chauffeur peut vous emmener hors des sentiers battus. Et ça, c’est toujours sympa.

Piste dans le nord du pays

A emporter

Comme dans bien des pays, les enfants réclament des stylos, des bonbons, des cadeaux….mais il ne s’agit pas de donner comme ça. La mieux : partager un moment avec des gens et puis les remercier en leur donnant quelque chose. On peut très facilement faire plaisir en faisant des photos et en leur montrant après sur l’écran. Donner son adresse, prendre le temps de négocier, de discuter.

-Apprendre quelques mots de malgaches (bonjour, au revoir, y a-t-il, merci, où se trouve…) est un sésame. Les gens seront sensibles à votre effort et se détendront immédiatement.

Après, si vous voulez faire des dons plus particuliers, il est préférable  de s’adresser à des associations présentes sur place (renseignez vous avant de partir !). Souvent, ils ont besoin de vêtements, de médicaments, de livres (pour les bibliothèques de brousse), de papeterie pour les écoles…

Zébus à Mangatsiotra, dans le Sud-est de Madagascar

Elise François-Dainville